mardi 25 juillet 2017

PIRATES, VOUS AVEZ DIT PIRATES ... AUX PHILIPPINES !

Pirates, vous avez-dit pirates… aux Philippines ?

Mais, sachez que, depuis des décennies, c’est la principale occupation d’une partie de la population des îles du Sud de l’archipel. De Basilan à Sulu, de Sulu à Tawi-Tawi et jusqu’au Sud de Palawan, parfois plus loin, se situe le Royaume ancestrale des pirates Mahométants.

Le 28 avril de cette année (2017) CNN, la chaîne américaine, titrait :
« Un Allemand a été décapité par les militants d'Abou Sayyaf dans le sud des Philippines, ceci quelques jours après l’expiration du délai pour payer sa rançon ». CNN ICI et le Monde.

Jurgen Kantner

Les responsables philippins et allemands ont confirmé que Jurgen Kantner, âgé de 70 ans, avait été tué après avoir été détenu pendant trois mois par le groupe militant islamiste.

C'était la deuxième fois que Kantner était enlevé. Il avait été kidnappé et détenu préalablement avec sa partenaire, Sabine Merz, par des pirates somaliens pendant près de deux mois en 2008.

Le ressortissant allemand Jurgen Kantner et sa compagne, Sabine Merz, ont été faits prisonniers une première fois en 2008, avant d’être libérés quelques mois plus tard, par des pirates somaliens qui les avaient capturés. Ceci après paiement d’une rançon !

Abu Sayyaf a publié une vidéo horrible de ses militants qui tuent l'homme (Jurgen Kuntner) avec un couteau courbé. La vidéo a été distribuée par le site Intelligence Group.

Acte de barbarie, c’est dégueulasse, les heures les plus sombres de l’humanité, etc.

"Le chancelier fédéral condamne l'acte abominable, qui montre une fois de plus combien les terroristes sont sans scrupules et inhumains. Nous devons tous rester ensemble et nous battre contre eux", a déclaré Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel.

Sultans de Mindanao de nos jours

Belles paroles, des déclarations comme seuls les politiques (en tout petit) savent nous en sortir.
Mais, au fait… ils n’ont jamais payé la rançon demandée !
À la limite, je peux comprendre, un récidiviste, mais alors… qu’ils ferment leurs ‘’gu…les’’.

D’un autre côté, ce gus, ce Jurgen, que cherchait-il ou que recherchait-il ?

Kidnappé une première fois en Somalie, ce Klong (il faut bien appeler les gens par leur nom), vient s’aventurer avec son voilier dans des eaux qui sont depuis des siècles réputées dangereuses, car infestées de pirates.

Insouciance, gloriole, vanité, orgueil, mégalomanie ?
Je suis le plus fort, rien ne peut m’arrêter ?

Oui, peut-être que c’était son problème, mais dans ce cas on n’entraîne pas une tierce personne dans ce genre d’aventure, surtout une femme.

Sulatanat de Sulu

Cela fait plus de vingt ans que je vis aux Philippines et, régulièrement dans mes petits blogs, j’invite les personnes qui me lisent à ne pas s’aventurer dans une zone qui se situe à l’ouest d’une ligne joignant Iligan à Cotabato. En y incluant la presqu’île de Zamboanga, les îles de Basilan et de Sulu, ainsi que les îles de la région de Tawi-Tawi.

Pourquoi ?
Tout simplement du fait que ces zones demeurent hors du contrôle des autorités de Manille et ce depuis des siècles. C’est un autre monde.

Voici ce qu’écrivait le  journaliste et écrivain français Edmond Plauchut à ce sujet dans les années 1860.

« Avant de quitter à regret cet admirable archipel des Philippines où j’avais séjourné dix années, je résolus de faire une excursion au village de Butuan. C’est sur ce point,  alors inconnu du globe, par 128° 44’ de longitude et 8° 48’ de latitude, à l’extrémité orientale de l’île de Mindanao, qu’en 1521… »

« Soulou (de nos jours Sulu) a une population de 100,000 âmes environ ; elle se compose de descendants de Malais, de captifs chrétiens et de Guimbas. Ces derniers, considérés comme les aborigènes de l’île, sont en grande partie réduits en esclavage et tendent avec rapidité à s’absorber dans les envahisseurs. Ceux qui vivent encore indépendants se sont réfugiés sur les montagnes de l’intérieur et s’y nourrissent de racines et de gibier ».

Ancienne carte de l'île de Sulu

« Le sol de l’île est montueux et très fertile ; il produit le riz, le maïs, la canne à sucre ; le café est excellent, et, comme celui de Mindanao, peut rivaliser avec le moka. L’huître à perles, l’écaille de tortue, les ailerons de requins, — ce dernier produit recherché par les gourmets de Chine, — procurent de grandes richesses à ceux qui s’occupent de ces trafics. En touchant ce sol aux produits si riches, malgré l’aspect verdoyant de ses plaines bien cultivées, on éprouve un vif sentiment de répulsion pour cette fertilité due à un incessant labeur d’esclaves ».

« Ce sont en effet des Guimbas fugitifs ou arrachés à leurs montagnes, des Indiens enlevés violemment à leur gai village, des pêcheurs jetés par un typhon sur les côtes de cette île inhospitalière, qui cultivent ces immenses plantations. Il en est dont le sort est affreux ».

« Je m’étais fait débarquer avec tous les officiers de l’escadre, A peine avions-nous fait quelques pas hors du débarcadère que nous nous vîmes entourés d’une population farouche, armée avec une sinistre profusion de krishs, de campilans et de longues lances barbelées. Quelques datos à cheval, revêtus de la cuirasse et le casque en tête, firent la haie autour de nous. Nous ne distinguâmes que peu de femmes dans cette multitude et celles qui se montraient étaient vêtues d’oripeaux sordides. Je sus plus tard que les jeunes femmes du pays, fort belles, dit-on, avaient été tenues, le jour de notre débarquement, strictement renfermées dans les harems des chefs jaloux ». 

« Le gouverneur espagnol, après avoir exprimé au jeune sultan Mojamed le regret d’avoir été dans l’obligation d’interrompre le cours d’un deuil sévère, lui fit connaître en peu de mots la volonté de l’Espagne. En échange d’une promesse formelle d’aider de toute son autorité à extirper la piraterie de l’archipel sur lequel il était appelé à régner, il recevait de la reine Isabelle II le titre de sultan de Soulou, Tavi-Tavi (de nos jours Tawi-Tawi) et Bornéo. L’Espagne lui assurait aussi l’appui de ses forces dans le cas où ses sujets mécontents auraient un jour la fantaisie de le détrôner. Cette partie du discours était à l’adresse de quelques chefs, ennemis déclarés des Espagnols et dont la richesse avait pour origine la piraterie ».

Moros de Zamboanga

Mojamed promit, d’une voix mal assurée, tout ce qu’on lui demanda. Il fut proclamé sultan. L’escadre, à un signal donné, fit feu de toutes ses batteries ; mais la foule, réunie autour du jeune souverain, garda un silence morne et très significatif.

Autre témoignage, celui d’un américain qui a passé quelques années au pays des 7.107 îles à la fin du 19ème  siècle.

« Cela fait des années que l’Espagne envoie des hommes et des navires de guerre afin d’éradiquer les sauvages et d’amener les îles du Sud sous la domination complète de l’Empire ».
« Cela fait des années que l'Espagne a envoyé des hommes et des navires de guerre à Mindanao pour éradiquer les sauvages et amener l'île sous sa totale domination, mais sans résultat ».

De jeunes garçons du nord ont été recrutés et incorporés dans des régiments indigènes pour aller vers le sud, sur cette fausse promesse que les philippines ne font qu’une et indivisible.

Les prisons de Manille ont été vidées et les condamnés, armés de Bolos et de hachoirs à viande, ont suivi leurs frères les plus justes au front. Des troupes indigènes, bien formées y sont allées ; les troupes espagnoles sont parties ; les officiers ont tout essayé, mais il s’agissait et il s’agit toujours d’une lutte sans fin. D’une lutte qui ne pourra jamais se terminer sur le terrain, d’une lutte ancestrale qui ne pourra se solder que par un monstrueux bain de sang ou des négociations longues et difficiles.

À noter que de nos jours, la pratique d’utiliser, non pas des prisonniers, mais des policiers ripoux en première ligne est plus que jamais d’actualité au pays des 7.107 îles. De nombreux policiers, impliqués dans le trafic de drogue, au lieu d’être emprisonnés, ont été envoyés à Marawi en première ligne.

Ancien Sultan de Sulu et sa suite

Ce qui s’est déroulé à Marawi ces dernières semaines n’est que la poursuite logique d’un conflit qui remonte à plusieurs centaines d’années. Deux cultures différentes, deux conceptions totalement opposées, non pas de civilisation, car dans le cas des habitants de religion musulmane de Mindanao il  s’agit d’une culture autochtone très prononcée, mais ce n’est pas une civilisation. Plus simplement le choc de deux cultures, l’une que l’on pourrait nommer Christiano-Occidentale et la seconde ‘’Arabo-Islamique’’, choc dans lequel la religion joue un grand rôle.

L'Islam aux Philippines a atteint les îles du Sud à la fin du 14ème siècle et s’est étendu à toutes les Philippines jusqu’au 16ème siècle. Aujourd’hui, l’islam est surtout présent à Mindanao et sur l’archipel de Sulu. Environ quatre millions de Philippins sont musulmans, soit 4,3 % de la population.

J’aurais tendance à dire un peu plus, peut-être 6 à 7 %.

En 1380, l’arabe Sarif Maqdum arriva à Mindanao comme missionnaire musulman. Il prépara le chemin pour Raja Baginda, qui rassembla toutes les îles de Jolo en une annexion malaise par des colons malais. Le reste des conquérants malais fonda un sultanat dans le Sud, à Mindanao, contribuant ainsi à la présence d'un islam dominant, que les vieilles coutumes locales toléraient pourtant largement avant.

L’un de ces chefs musulmans, Shariff Mohammed Kabungsuwan, de Johor en Malaisie,
membre de la maison royale de Malacca, atteint au milieu du 16ème siècle l’état central de Mindanao. Là-bas, il épousa une princesse autochtone et fonda en 1475 le sultanat de Maguindanao. Il commença alors à étendre le domaine de sa souveraineté dans les environs.

Sultan de maguindanao

À cette époque, des Malais musulmans fondèrent également le Raja Sulayman, une forteresse à l’embouchure du fleuve Pasig, à Manila (Manille). Cette forteresse provenait de Brunei, elle fût dirigée par Raja  Muda, qui était l'un des gendres du sultan de Brunei qui régnait alors, Abdul Kahar. Bien que l’islam s’étendît alors jusqu'à Luçon, l’animisme resta longtemps la religion dominante des îles des Philippines.

Les colons musulmans conduisirent dans leur zone d’influence une politique de structuration en un seul état territorial, qui fut régi par des Rajas ou des sultans.  Pourtant, ni la conception d’un état politique unifié, ni une stratégie contrôlée de partage des territoires, comme chez les paysans sédentaires de Luçon, ne purent faire s’étendre l’islam au-delà de la région où il s’était établi.

Quand les Espagnols atteignirent les îles des Philippines au 16ème siècle, la majorité des environ 500 000 habitants des colonies correspondaient à des Baranggays. Dans le Sud des Philippines, l’islam était au point de prendre racine plus profondément, de sorte que les musulmans locaux, qui furent appelés des Maures (Moros) par les Espagnols, ne purent être jamais complètement assujettis.
Les Espagnols estimèrent en 1625 qu’environ 100 000 Maures vivaient à Mindanao, soit 12 % de la population totale.

Voici ce qu’écrivait un autre voyageur français au sujet de Soulou (Sulu) vers 1860.
L'empire de Soulou, fondé peut-être dès le 13ème siècle, avait subi des fortunes diverses, des crises (Jolo des Espagnols, Soloo des Anglais, les Soulouans l'appellent Tianggi, le marché) redoutables, dont il avait toujours su se relever. Le régime politique était ce qu'il est encore aujourd'hui : une oligarchie de datos (seigneurs féodaux) soumis, d'une façon plus ou moins effective, au pouvoir suprême du sultan.

Le commerce, le prosélytisme musulman et surtout la piraterie absorbaient l'activité du royaume. Mais ces entreprises n'allaient pas sans de graves conflits avec les forces hollandaises et espagnoles.

Praw pirate, seconde moitié du 19ème siècle

Les Soulouans, pirates dans l'âme et bons marins, ravageaient périodiquement les côtes des îles Bisayas, ruinaient les pueblos et emmenaient les habitants en esclavage.

Vingt fois l'Espagne avait envoyé des expéditions contre Soulou ; elles étaient presque toujours revenues victorieuses, après avoir délivré les Indiens captifs et imposé au sultan des traités solennels.

Quand leurs villages étaient incendiés et leurs praws coulés à fond, les datos, réunis sous les canons espagnols, juraient de se soumettre aux exigences du vainqueur. Mais les engagements pris étaient invariablement violés.

Dans ces mers, hérissées d'écueils, dont les cartes sont encore incomplètes et où les croisières permanentes des grands voiliers sont contrariées par la régularité des moussons, les praws légers, naviguant aussi bien à l'aviron qu'à la voile, avaient une grande supériorité.

De nos jours, les voiliers n’ont aucune chance contre les embarcations rapides utilisées par les pirates.

Les Espagnols partis, la piraterie renaissait avec l'élan d'une industrie avide de réparer ses pertes.

Drapeau du Bangsamoro, région autonome musulmane 
de Mindanao

Depuis quelque temps déjà les sultans paraissaient comprendre la supériorité de l'Espagne et la défaite irrémédiable dont les menaçait la civilisation. Ils auraient voulu ,sans doute, respecter plus sincèrement les traités consentis, mais ils n'en avaient pas le pouvoir.

Leur autorité n'avait de valeur que pour prélever le tiers sur le butin de leurs sujets, tribut toujours religieusement payé ; il leur était impossible de surveiller efficacement tout un peuple de datos disséminés dans les cent cinquante îles et îlots compris dans leurs domaines; d'ailleurs l'autorité des sultans tirait toute sa force de l'idée religieuse et elle eut perdu tout prestige en essayant de faire respecter les populations catholiques des Philippines.

En réalité, ces souverains, si redoutés, étaient soumis à leurs vassaux; ils étaient contraints de tolérer des pirateries continuelles, bien que prévoyant les conséquences fatales qui devaient être le résultat.

Nous avons donc un homme, Jurgen Kantner, un ressortissant allemand de soixante-dix ans qui, malgré toutes les mises en garde et elles sont nombreuses, alors qu’il a déjà fait l’expérience d’un kidnapping dans d’autres eaux, vient s’aventurer dans les eaux du Sud de l’archipel des Philippines.

De plus, en voilier et seul ou presque !

Mais que recherchait-il ?

En février 2012, deux ornithologues, un Néerlandais et un Suisse sont enlevés dans les îles de Tawi-Tawi ; je crois me souvenir qu’ils étaient également arrivés en voilier. Le Suisse parvient à s’échapper en décembre 2014. htmlch/info/suisse ICI

En avril 2014, enlèvement de deux  Allemands, Srefen Okonek et Henrike Dielen, arrivés à bord d’un yacht, dans la partie occidentale Sud de l’île de Palawan. 

Ils sont libérés six mois plus tard contre rançon. ICI
Comme déjà expliqué dans d’autres billets, si ce sont bien les Abu Sayyaf(s) qui revendiquent les kidnappings et qui demandent rançons, dans la plupart des cas ce ne sont pas eux qui ont procédé au kidnapping.

Souvenez-vous que, dans cette région, ils sont nombreux à avoir l’âme de pirates !


À toutes et à tous une excellente semaine et que la Force vous accompagne.

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2 commentaires:

  1. vraiment intéressant, car empli d' érudition . quel passé ! Ce conflit durera tant que l'exploitation des religions sera; et c' est ce qui se prépare en France avec la migration de milliers de musulmans. Il ne faut pas en douter. Ce ne sera pas l' Islam contre l' Eglise, mais l' Islam contre les laïques et républicains. Et cela durera tant qu' il y en aura deux vivants et opposés ...

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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