Il y a
quelques jours de cela, un couple d’amis français est passé à la maison afin
d’essayer de mettre à jour les programmes de leur laptop. En effet ils utilisent
une clé 3 G et le débit n’est pas suffisant pour downloader plusieurs gigabits.
Il faut savoir
que Pascal et Carmela, qui arrivent du Cambodge où ils ont vécu environ un an,
se sont installés à Ternate au mois d’avril de cette année. Ils louent une
petite, mais presque grande maison, qui se situe au bord de la rivière, mais
sur l’autre rive ; ils sont rive gauche, nous habitons rive droite.
Tendis que
pascal essayait d’avoir un débit suffisant pour la mise à jour de ses
programmes, nous parlions de choses et d’autres et à un moment de la discussion
nous en sommes arrivés à reconnaître que,
vivant aux Philippines, nous n’avions pas vraiment l’impression de vivre en
Asie du Sud-est.
Le dépaysement
n’est pas aussi complet qu’il peut l’être en Malaisie, en Indonésie, en Thaïlande
ou au Cambodge. Pas de bonzes ici, pas de pagodes, des bâtiments comme l’on
peut en trouver partout dans le monde, un alphabet qui est le nôtre, la majorité
des gens qui parlent anglais, des tenues
vestimentaires très occidentalisées, etc., j’en ai parlé longuement dans un
autre billet… je n’insiste pas.
Donc Pascal
et Carmela me faisaient savoir, je rappelle qu’ils sont arrivés il y a quatre
mois, que de par leur expérience de grands voyageurs, ils avaient plus
l’impression de vivre en Amérique centrale, voire en Amérique du Sud qu’en Asie
du Sud-est. Honduras, Nicaragua, Costa-Rica, dans une certaine mesure le Guatemala,
ont plus de ressemblances avec les Philippines qu’avec le Cambodge ;
c’est une évidence qui saute aux yeux du voyageur qui connait un peu. Cela peut
en déconcerter certains, voire en décevoir beaucoup, mais ceci n’est qu’une
impression première. Sous cette apparence de peuple très occidentalisé, si vous
faites l’effort de gratter un peu le vernis qui le recouvre, vous découvrirez
une culture qui est unique.
Je me
souviens de mon retour au début des années 90. Après plus de dix ans sans être revenu
aux Philippines, j’ai eu l’impression de débarquer au Mexique. Hommes un peu
rebondis et moustachus, la route de l’aéroport, qui était en réfection, bordée
de barrières de couleurs bariolées, principalement du vert, du jaune, du rouge
et du blanc… je m’attendais presque à voir un Philippin basané allongé sur le
sol son sombrero sur le nez !
De plus, nous étions attendus dans le hall de l’aérogare par un orchestre qui aurait eu sa place à Guadalajara.
De plus, nous étions attendus dans le hall de l’aérogare par un orchestre qui aurait eu sa place à Guadalajara.
Mais la Chine
n’est pas loin et les fils et petits fils de Confucius sont bien présents sur
l’archipel.
Tout à coup
Pascal m’a posé une question, dont je dois avouer n’avoir pas très bien saisi
le sens sur l’instant : « Les gens de
Mindanao sont ils plus ouverts, plus souriants et plus enjoués que les
gens de Ternate ou de Manille? » Et afin de préciser sa question, il me
donnait comme exemple mon épouse et une de ses sœurs, toutes deux présentes
lors d’une précédente discussion et qui sont originaires de Davao City.
Ce qu’il
souhaitait savoir c’est si les habitants du sud de l’archipel
sont plus ouverts aux étrangers que le sont ceux de notre région. Je dois dire
que sa question m’a un peu surpris, dans la mesure où il me disait, dans les semaines
qui ont suivi son arrivée à Ternate, qu’il se sentait plus à l’aise ici avec la
population locale, que dans les autres pays d’Asie du Sud-est dans lesquels il
avait vécu ces derniers temps.
En quelques
semaines, sa perception de l’archipel avait radicalement changée. Les
Philippines passant de la première à la dernière place, bien loin derrière la Thaïlande,
la Malaisie et le Cambodge, ceci en termes d’accueil et d’ouverture des
populations locales aux ’’Étrangers’’.
Mais les
conditions ne sont pas vraiment les mêmes. Ternate n’est pas vraiment, pas du
tout en fait, une station touristique pour étrangers. Qu’il y passe quelques
touristes occidentaux, oui, que ces touristes s’y installent, non. Les rares étrangers
qui se sont installés, ou ont vécu ici, étaient tous mariés avec des ‘’Pinay’’.
Donc
les locaux, après un certain temps, vont se poser des questions.
Que vient faire ici ce couple occidental, quel est exactement son business, que fait-il, de quoi vit-il, quelles sont ces intentions, etc. ? Et à partir de ce moment, les locaux vont avoir tendance à se refermer sur eux-même vis-à-vis de ce couple. Touristes pour quelques semaines, oui… mais après la suspicion s’installe. Viennent-ils ici pour acheter nos terres, monter un resort, nous faire concurrence avec une autre sorte de business ? Voire chercher le trésor de Yamashita, le trésor qui serait caché dans les environs de Ternate, proche de Puerto Azul, c’est ce qui se dit tout du moins.
Que vient faire ici ce couple occidental, quel est exactement son business, que fait-il, de quoi vit-il, quelles sont ces intentions, etc. ? Et à partir de ce moment, les locaux vont avoir tendance à se refermer sur eux-même vis-à-vis de ce couple. Touristes pour quelques semaines, oui… mais après la suspicion s’installe. Viennent-ils ici pour acheter nos terres, monter un resort, nous faire concurrence avec une autre sorte de business ? Voire chercher le trésor de Yamashita, le trésor qui serait caché dans les environs de Ternate, proche de Puerto Azul, c’est ce qui se dit tout du moins.
Étonnant
quand on sait que Pascal et Carmela m’ont relaté leur périple en ‘’Tandem’’, vélo
a deux places pour ceux qui ne connaitraient pas, entre Ternate, Tagaytay,
Nasugbu et retour sur Ternate par la nouvelle route qui serpente dans le Parc
National du Mont Palay.
Contrairement
à Kep, ville en bord de mer du Sud du Cambodge où sont installés de
nombreux étrangers, je crois me souvenir
que Pascal m’a parlé d’une soixantaine de Français qui vivent et pour certains
y ont leur business, à Ternate les étrangers ne sont pas légion. Aux dernières
nouvelles, nous devrions être deux Français, sans compter Pascal et
Carmela!
Il y a encore quelques années il y avait un ressortissant Britannique et un Américain. Je crois également me souvenir qu’un Allemand a vécu ici quelques mois, mais tous ces étrangers étaient mariés à des Philippines. Pas de couples d’étrangers.
Il y a encore quelques années il y avait un ressortissant Britannique et un Américain. Je crois également me souvenir qu’un Allemand a vécu ici quelques mois, mais tous ces étrangers étaient mariés à des Philippines. Pas de couples d’étrangers.
Petite
précision, mais qui a son importance : Pascal et Carmela font très jeunes
et de plus ont pris une retraite bien anticipée, ce qui fait que bien peu de
gens s’imaginent qu’ils sont des retraités.
Très étonnant
cette nouvelle vision qu’à Pascal de l’hospitalité, de l’accueil des
Philippins, surtout après m’avoir conté l’histoire de leur randonnée sur Taal
et ses environs. Ils ont été partout très bien reçu, ont dîné et même logé,
gratuitement, chez l’habitant. Partout où ils sont passés, ils n’ont rencontré
que gentillesse et sympathie de la part des locaux, parfois même de l’aide.
À noter que,
mais en cela je les avais prévenus, faire une petite ballade à vélo de quelques
kilomètres autour de son lieu de résidence, c’est possible ; se lancer
dans des randonnées de plusieurs dizaines de kilomètres, je déconseille
vivement, même en tandem.
Pour moi les
différents obstacles pour faire de grandes randonnées à bicyclette sont la
chaleur, les pentes, l’on a l’impression de plus monter que de descendre et la
circulation anarchique pour ne pas dire plus.
Mais il y a un autre inconvénient et non des moindres, auquel je n’avais pas pensé : la pollution !
Mais il y a un autre inconvénient et non des moindres, auquel je n’avais pas pensé : la pollution !
Ces bus, camions, jeepneys, tricycles qui rejettent dans l’atmosphère des nuages de fumées polluantes et puantes et qui du fait d’une vitesse plus grande que celle d’un tandem, dépassent tous ce dernier, si possible en accélérant dans des fumées noires de moteurs mal réglés.
Pascal en a
été sévèrement incommodé et a éprouvé de sérieuses difficultés à terminer le
parcours qu’il s’était imposé. Il a mis plusieurs semaines à s’en remettre.
Cette
histoire de changement d’attitude des locaux vis-à-vis des étrangers, je ne m’en
étais pas vraiment rendu compte. Il faut dire que rares sont les couples
d’étrangers qui séjournent plusieurs mois à Ternate, en fait à ma connaissance
Pascal et Carmela sont les premiers à faire cette expérience.
Le Ternateño
est méfiant. Si, comme les autres Philippins il a connu la colonisation
espagnole, puis celle des Américains, il faut également savoir qu’il y avait
une garnison japonaise à Ternate, garnison qui a commis de nombreuses exactions
durant la seconde guerre mondiale. De plus, comme expliqué dans d’autres
billets, Ternate était une voie sans issue, le terminus de nombreux provinciaux
arrivés à Manille et qui cherchaient à s’en échapper. Donc le local de souche,
le véritable Ternateño, celui qui parle encore le Chavacaño, à quelque peu
tendance à se méfier de tout ce qui est ‘’étranger’’.
Pascal et
Carmela vont prochainement nous quitter et aller s’installer dans une province
éloignée de la capitale. Cette province profonde est restée la même au fil des
ans, rien n’y a vraiment changé depuis des décennies. À mon avis ils devraient
y être très bien reçu et ne pas ressentir ce sentiment presque de suspicion
qu’ils ont ressenti chez nous.
De nombreux
couples de Français, Belges, Suisses et autres occidentaux vivent en permanence
sur l’archipel. À ma connaissance ils n’ont jamais été confrontés à ce
sentiment de suspicion rencontré surtout par Pascal. Mais il faut dire que ces
couplent vivent à Manille, Puerto Galera, Boracay, Cébu et autres lieux
hautement touristiques.
Expériences, avis, critiques et commentaires, comme d’habitude sont les bienvenus.
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