Les conséquences de l’assassinat du Sénateur Benigno ‘’Ninoy’’ Aquino Jr. en août 1983 se font toujours sentir aux Philippines.
En fait, tout a réellement commencé par un assassinat en public, suivi d’une grande injustice, ou plutôt d’une absence volontaire de justice.
L’assassinat de l’ancien Sénateur Benigno ‘’Ninoy’’ Aquino Jr. (le père de l’actuel Président), sur le tarmac de l’aéroport de Manille, a déclenché toute une séries d’événements successifs, avec en point culminant, quelque chose qui semblait tout à fait impossible au moment de sa mort : la chute brutale d’un dictateur féroce et la restauration d’une certaine démocratie.
Puis ce sera le catapultage de la veuve de Ninoy à la présidence, Cory qui aura la lourde tâche de mettre le pays sur la difficile voie de la reconstruction des institutions démocratiques.
Et, suite mais peut-être pas fin, l’’histoire des vies et morts de Ninoy et Cory Aquino va propulses leur fils unique à la plus haute fonction de l’Etat et ce moins d’un an après la mort de Cory.
La chute du dictateur est présentée comme une victoire du peuple philippin sur le tyran Marcos, avec l’aide tout de même d’une partie de l’armée, principalement la jeune garde des officiers philippins ! Oui, c’est sure, mais cela n’aurait pas été possible sans l’approbation du ‘’grand chef’’, les Etats-Unis d’Amérique.
Il semblerait que quelque éléments de l’Histoire aient été oubliés ou sont passés au second plan au fil du temps. Remettons nous dans le contexte de ces années 80.
La guerre du Vietnam est terminée est s’est soldée par la première défaite militaire de l’histoire des USA. L’Amérique cherche à redorer son blason et à se donner bonne conscience.
Certaines dictatures, mises en place et soutenues par les USA et dont les régimes deviennent par trop tyranniques aux yeux de l’opinion internationale et/ou trop indépendants aux yeux de l’administration US, doivent disparaitre.
Pour ne citer que les principaux.
C’est le Shah d’Iran qui ouvre le bal en 1979, Marcos suit en 1986, puis se sera le tour de Noriega en 1989.
Lors de Edza 1, la révolution tranquille (People Power Revolution) qui a fait suite à des élections truquées par le dictateur Marcos, il y a fort à parier que les Américains aient donné leur feu vert et assurés les militaires ‘’rebelles’’ de leur soutien présent et futur sous certaines conditions. Une de ces conditions étant certainement de mettre en place un régime civil au pouvoir, une deuxième que les USA conservent leurs bases, installations et présence militaire sur le pays. C’est très certainement Fidel Valdez Ramos et Juan Ponce Enrile qui ont été les principaux interlocuteurs des Américains lors de ces négociations.
Bien quelle ne possède aucune expérience politique, Cory Aquino est poussée à se présenter aux élections de 1986, l’assassinat de son mari ayant induit une très forte sympathie du peuple Philippin à son égard et elle est préférée à Salvador Laurel qui deviendra vice-président. Battue par Marcos dans des élections qui se révèleront avoir été truquées, elle devient le leader du mouvement de la ‘’People Power Revolution’’, très certainement conseillée par Fidel V. Ramos et Juan Ponce Enrile, qui après un coup d’état manqué contre Marcos début 1986, déclenchent le mouvement de révolte populaire de Edza.
Regardons maintenant qui sont ces deux personnages meneurs de la révolte contre le général président et dictateur Marcos. Juan Ponce Enrile est un avant tout un homme de loi qui virera à la politique (il est à ce jour Président du Sénat). Fidel Valdez Ramos est un militaire qui a gravi tous les échelons de la hiérarchie militaire des Philippines. Il a fait la guerre de Corée comme combattant et la guerre du Vietnam comme non-combattant. C’est très certainement lors de son séjour au Vietnam qu’il fait connaissance et noue des liens avec des officiers américains.
Tous deux sont des proches de Marcos : Juan P. Enrile est Ministre de la Défense et Fidel V. Ramos est le Vice Chief of Staff, le numéro 2 de l’armée. Enrile est très certainement l’initiateur de la loi martiale imposée par Marcos en 1973. En effet, Enrile fût la ‘’cible’’ d’un faux attentat, un attentat perpétré par le Gouvernement, qui servira de prétexte à la proclamation de la loi martiale du 22 septembre 1972. Il est également le principal auteur et rédacteur, en tant que spécialiste du droit, de cette même loi martiale. Cette loi martiale qui permettra l’arrestation du Sénateur Benigno Aquino, son emprisonnement et il n’échappera à la condamnation à mort que grâce à l’intervention des Etats-Unis où il trouvera refuge. (Juan Ponce Enrile est l’actuel Président du Sénat).
F.V.R (c’est souvent comme cela que l’on appelle Fidel V. Ramos) est un cousin au second degré du président Marcos et il est également cousin du Général Fabian C. Ver, le Général en chef de l’armée philippine (AFP). Ver, très proche de Marcos, lui restera fidèle jusqu’à la fin et partira aussi en exile. C’est ce même Général Ver qui proposera à Marcos de faire tirer par l’armée restée fidèle sur la foule à Edza. Marcos qui de son coté s’est très certainement rendu compte qu’il ne pouvait se maintenir au pouvoir sans le soutien des Américains, refusera la proposition de Ver et s’exilera.
N’oublions pas que les Etats-Unis à cette époque, disposent de deux importantes bases militaires sur le territoire philippin, Subic Bay et Clark.
De nombreuses rumeurs et suspicions ont circulées faisant état de l’implication de Ramos et de Enrile dans l’assassinat du Sénateur Benigno ‘’Ninoy’’ Aquino. C’est après l’assassinat que Ponce Enrile (sentant le vent tourner ?), commencera à prendre contact avec des opposants au régime Marcos, dont le très fameux Colonel Honassan.
Qui avait intérêt à l’époque d’assassiner le Sénateur Aquino ?
Le premier nom qui vient à l’esprit : Marcos ! Trop simple et trop gros, il sait qu’il sera le premier soupçonné si ce n’est accusé. De plus Aquino revient aux Philippines avec la garantie personnelle de Marcos comme quoi il ne lui arrivera rien. Des opposants au régime Marcos afin de le discréditer et de le faire tomber ? Surement, mais qui ?
N’oublions pas que ce sont des éléments de l’armée qui agissent et il y a un vrai faux communiste qui est également assassiné par les militaires. (Le soit disant meurtrier d’Aquino).
La preuve sera faite que ce sont les soldats qui ont assassiné Aquino et le militant communiste. Pour le compte de qui ? Quinze militaires passeront 25 années en prison sans qu’aucun ne donne le nom du Mastermind, du cerveau. Mais il se peut fort bien qu’ils ne connaissent pas ce nom. Ils ont reçu l’ordre d’un Colonel, Colonel qui a disparu, surement assassiné lui aussi, afin de couper les ponts. Qu’elles assurances avaient-ils reçus avant de passer à l’acte ?
Total impunité et de l’argent ?
Aujourd’hui marque le 27ème anniversaire de la mort de Ninoy Aquino, sur le tarmac de l’aéroport de Manille qui porte désormais son nom. Le cerveau de l’assassinat n’a jamais officiellement été découvert. Tout ce que l’on sait c’est qu’une attaque perpétrée par des éléments de «l’Aviation Security Command », contre l’opposant au régime le plus connu, ne peut avoir été exécutée sans que cela soit connu du régime de Marcos.
Alors que le ‘’ Public Attorney Office’’ (le Bureau du Procureur) travaillait à la relaxe des soldats reconnus coupables des meurtres de ‘’Ninoy’’ et du militant communiste Rolando Galman, le clan des Aquino s’est opposé à cette mesure. Les héritiers étaient persuadés que les soldats continuaient à cacher, pas nécessairement le nom du cerveau, mais ce qu’ils avaient réellement fait au Sénateur quand ce dernier se trouvait blessé dans leur camion, camion qui atteignit l’hôpital après un temps interminable. Il est généralement admis que les soldats, comme ils en avaient certainement reçu l’ordre, se sont assurés de la mort du Sénateur, il se peut également qu’ils l’aient achevé.
Tous les soldats ont été relâchés par la précédente administration après vingt cinq années passées sous les barreaux (sauf un, mort en prison). Ils n’ont jamais parlé.
Il se peut fort bien que la vérité ne soit jamais connue. Les enfants de Ninoy semblent faire avec. La justice n’a pas été pleinement rendue dans cette tragique affaire, mais les événements qui en ont découlé, font qu’il y a peu de chance que le peuple Philippin autorise un jour le retour d’un dictateur au pouvoir. La large victoire de son fils aux dernières élections avec une campagne basée sur l’anti-corruption est l’affirmation de l’héritage de Ninoy.
Pour ceux que cela intéresserait, j’ai quatre hypothèses de qui pourrait-être le Cerveau de l’assassinat. Hypothèses que je ne tiens spécialement à étaler sur un blog public. Si vous le souhaitez, je peux vous faire parvenir le complément de ce blog par e-mail, contactez moi sous < dtesteil737@yahoo.com >
Mes hypothèses n’engagent que moi, je ne suis pas historien et n’ai effectué aucune recherche spécifique.
Je me base uniquement sur ma connaissance du pays et des gens de ce pays. Mes suppositions ne sont, à ce jour, que de la fiction, car étayées par aucun élément concret et je n’ai absolument aucun début de preuve. Je me base principalement sur les agissement et comportements habituels de la société philippine.
Remarques, critiques et commentaires sont les bienvenus.
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