vendredi 17 janvier 2014

CALL CENTER ... EMPLOIS AUX PHILIPPINES !

Il y a quelques temps, peut-être six mois et à l’occasion d’un déjeuner, je discutais avec un ami américain résident de longue date sur l’archipel.


A un moment de la conversation nous en sommes venus à parler de l’Information Technologique, plus précisément des BPO et Call centers (Centres d’appel). Un secteur en plein boom depuis plusieurs années aux Philippines et qui joue un rôle majeur dans l’industrie locale.

De plus en plus d’emplois, tenus principalement par des Américains, mais également par des Anglais, Allemands, Hollandais, etc. ont été délocalisés aux philippines ces dernières années. Je ne saurais dire combien, mais cela se chiffre par centaines de milliers.

Toujours est-il que mon ami m’a parlé d’un film qu’il avait vu et dont le titre est  ‘’Outsourced’’.
Un film de 2006, dirigé par John Jeffcoat et qui a fait l’objet d’une série télévisée diffusée en 2010.

Dans ce film, un jeune homme nommé Todd découvre que la compagnie qui l’emploie a décidé de faire réaliser le travail du département de Todd et de ses collègues en Inde et par des Indiens. Ce que l’on nomme une délocalisation.

Contrairement à la majorité de ses collègues Todd n’est pas licencié sur-le-champ, il est capable de garder son job, mais à la condition que... La compagnie lui propose d’aller travailler en Inde afin de former les employés indiens aux méthodes de la compagnie.


En fait c’est un peu, c’est son impression initiale tout du moins, comme s’il allait former les gens qui, à terme, vont lui prendre sa place. Mais pour un temps tout du moins, il ne se retrouve pas à la rue comme la majorité de ses collègues, non, lui se retrouve en Inde !

Aussi, et c’est ce dont je souhaite vous parler. Todd se retrouve du jour au lendemain en Inde et plus précisément à Mumbay.

Alors, commence pour lui le parcours d’obstacles, un parcours initiatique et culturel.

Il est confronté à de nombreuses choses qu’il n’arrive pas à comprendre et cela se répercute, non seulement  sur sa vie professionnelle, mais également sur sa vie privée. Le call-center ne fonctionne pas comme il devrait et sa vie sentimentale ressemble au désert de Gobi.

Et cela va lui prendre du temps à surmonter ces obstacles.

En fait, ce n’est qu’après avoir rencontré un Américain, expatrié de longue date et qui dirige un call center à Mumbay, qu’il va réellement commencer à comprendre. Il ne faut pas lutter contre avec notre propre culture, il s’agit de se laisser glisser dans le courant, de descendre au fil de l’eau, de s’adapter à la culture et à la façon de faire des Indiens.

A partir de ce moment, sa vie, aussi bien professionnelle que privée, va s'en trouver changée, elle va grandement s’améliorer.


Un film ou une série TV que je vous invite à regarder, vous vous rendrez ainsi compte que nous sommes tous, plus ou moins, confrontés à cette difficulté de nous adapter à un nouveau pays, à une nouvelle culture.

Il y a dans ce film de très nombreuses choses qui sont communes avec ce que les gens qui souhaitent venir vivre aux Philippines vont devoir affronter et surmonter.

Je pense sincèrement qu’il s’agit d’un film à voir pour les candidats à l’expatriation au pays des 7.107 îles.

Plus récemment et après avoir vu le film, j’ai rencontré un Suisse installé ici depuis moins d’un an et qui a monté un call-center, avec une compagnie autrichienne si j’ai bonne mémoire.
Cette personne, appelons le Hans, était exceptionnellement enthousiaste de monter son call-center.

Il avait l’ambition de faire de l’argent et de profiter au maximum de sa nouvelle vie sous les tropiques.

Pas un doux rêveur, un homme pragmatique et ambitieux.

Dès son arrivée, il a commencé à faire deux choses qui, à mon avis, étaient des erreurs.
Tout d’abord, il a installé son call center dans un quartier populaire du centre de Manille, quartier dans lequel je ne me serais jamais établi, en tant que nouvel arrivant tout du moins.


De plus, il a loué une agréable villa en dehors de la ville, mais très éloignée de son business.
Le temps passé dans les embouteillages se compte en heures, les embouteillages de Manille sont réputés, horribles et abominables.

Il y a quelques semaines, alors que je me trouvais à proximité du call-center de Hans, je suis allé le trouver afin de voir comment cela se passait et de lui proposer d’aller boire un verre.
A peine assis dans le bar il a commencé à me débiter des horreurs sur sa vie ici et comment il détestait le pays.

Comment il lui était impossible de trouver de bons employés, que ceux qu’il avait ne comprenaient rien, qu’ils ne voulaient pas travailler, etc. Et j’en passe et des meilleurs.
Rien, absolument rien n’était bon à Manille pour son business.

Comme je sais qu’il existe des centaines de call centers qui fonctionnent parfaitement à Manille, je n’ai pas souhaité discuter de cela avec lui.

Certaines de ces choses, dont il me parlait d’une façon totalement négatives, étaient de toute évidence des erreurs de jugement qu’il faisait. Pour la plupart des erreurs culturelles qui automatiquement tuaient son business.
Comme j’essayais de lui expliquer deux ou trois petites choses sur la façon de gérer et de traiter le personnel philippin, il m’a vertement répondu que je n’y connaissais rien à son business.


Comme il semblait sur le point de perdre son calme à ce sujet, j’ai préféré détourner la conversation avec des propos plus légers. Mais même là, je le sentais remonté comme un ressort prêt à casser.

Je me suis donc efforcé de lui offrir ma sympathie pour ses problèmes. Comme il ne semblait pas ouvert à écouter des possibilités d’éventuelles améliorations, sans vouloir parler de solutions, nous nous sommes rapidement quittés.

Depuis j’ai entendu dire par la bande que son call-center était à vendre et qu’il s’apprêtait à quitter définitivement le pays, tout en disant qu’il est impossible de réaliser des affaires dans ce pays et qu’il y avait perdu beaucoup d’argent.

A mon avis Hans, comme beaucoup d’autres, n’a pas laissé au temps le temps de prendre son temps.
Il n’a pas pris le temps nécessaire afin de comprendre comment cela se passe ici, comment les choses fonctionnent sur l’archipel, pas le temps d’apprendre comment il est possible de réussir ici.

Je le répète encore une fois, il est important de bien se rappeler que vous n’êtes plus ici en Europe ou aux States, encore moins en Afrique et ce malgré la chaleur des tropiques.

C’est à vous de changer si vous souhaitez vivre ici, vous ne pourrez jamais changer 100 millions de personnes et les obliger à faire les choses à votre façon.
Vous devez changer ou tout du moins faire en sorte de comprendre comment les gens d’ici fonctionnent et faire en sorte de vous y adapter ou tout du moins de vous y ajuster.


Autrement, comme Hans, un petit tour et puis s’en va.

Le Business process outsourcing ou BPO, également appelé Offshoring industry, est une industrie en pleine croissance aux Philippines. C’est une des industries qui rapporte beaucoup de devises au pays, presque autant que les millions de travailleurs philippins (OFW) qui sont déployés à l’étranger.

Les prévisions de croissance du secteur sont de 20% par an pour les trois prochaines années.
En 2013 ce sont 18 milliards de $ qui ont été générés par ce secteur et il a employé 929.000 personnes contre 777.000 en 2012. Les objectifs sont d’augmenter les revenus générés par le BPO à 25 milliards de $ et d’employer 1,3 millions de Philippins à l’horizon 2016.

Les projections de la Banque Mondiale montrent que le secteur du BPO devrait employer 2 millions de personnes et représenter 11% du PIB en l’an 2020.

Le secteur, qui est dominé par les call centers, a grossi de telle façon qu’il est devenu un des secteurs phare du pays. Ce n’est plus uniquement Manille qui détient le monopole de ces call centers, des villes comme Dumaguete, Davao, Iloilo, Bacolod Iligan et d’autres ont maintenant une industrie du BPO florissante ; principalement des call centers qui offrent des services de réponses parlées ou écrites.

L’industrie philippine du BPO a élargie la gamme des principaux services qu’elle propose à la comptabilité, l’expertise comptable, le stockage et le classement de données, le software development, l’animation informatique, les feuilles de paie et salaires, le droit, les services médicaux, etc.


Le marché de la santé aux Etats-Unis est un marché très important pour l’information technologique de la santé. Le secteur de la santé et le traitement des informations, rapports médicaux, compte rendu d’opération, transcriptions diverses, rapports épidémiologiques, etc. 
sont des secteurs dans lequel les Philippins excellent du fait de la très bonne qualification de leurs personnels ; docteurs, infirmières et techniciens médicaux.

Pourquoi je vous parle des call-centers ?
Pas uniquement pour vous raconter l’histoire de Hans.

Cela peut être une opportunité, une solution, une possibilité de travailler aux Philippines pour les jeunes Français qui, de plus en plus nombreux, viennent s’installer sur l’archipel.

Si 80% des call centers qui se trouvent de nos jours aux Philippines sont tenus ou destinés à des sociétés américaines, elles sont de plus en plus nombreuses les entreprises européennes à venir sur l’archipel. Parmi ces dernières quelques entreprises françaises et donc des possibilités d’embauche.

De plus en plus les sociétés étrangères installées ici s’aperçoivent qu’elles ont besoin de nationaux pour encadrer le personnel philippin.


Pour les Français, dans le secteur du BPO, s’offre la possibilité d’enseigner ou de perfectionner la langue française auprès des employés philippins et d’encadrer les équipes.
En général ces emplois s’adressent plus particulièrement à des jeunes, le travail s’effectuant en ‘’shift’’, en équipe et en 3 x 8.

Ce ne sont pas des emplois qui paient d’une façon extraordinaire, disons entre 45.000 et 85.000 pesos pour les meilleurs, mais cela permet de vivre en attendant mieux. Une fois la culture locale plus ou moins assimilée, il sera toujours temps de trouver un pâturage plus vert et de se lancer dans une autre aventure.



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