Je vous présente ici la première partie du voyage de Lucien
sur la province de sa belle, la province de Camarines Sur.
Située à environ 400
kilomètres au sud, sud-est de Manille, ce coin des Philippines c’est un peu la
Normandie ou la Bretagne locale ; il y pleut un peu beaucoup et souvent.
C’est également un coin que les typhons aiment bien pour
faire leurs atterrissages sur l’archipel.
Donc Lucien, notre jeune Belge, c’est lancé pratiquement
sans préparation dans l’aventure.
Il nous livre ici ses impressions premières,
ses sensations, sa vision d’un monde qui bien évidemment diffère
considérablement de celui qui était encore le sien il n’y a pas si longtemps.
Extraits du carnet de voyage de Lucien.
Je précise que les photos qui illustrent ce post sont
également de Lucien.
Jeudi 21 février 2013
Resort West Peninsula à Caramoan.
Nous nous sommes levés vers 7h15 et il pleut toujours.
Cela fait 37 heures qu'il pleut quasiment non stop. Pendant que nous prenons
notre déjeuner sur la terrasse couverte du resort, je consulte la météo sur
internet. Pas très bon jusque samedi, voire dimanche. On jette l'éponge, nous
allons partir.
Cerise sur le gâteau, Ruth a eu la bonne idée, à cette
heure matinale, de nous commander un pansit ( je rappelle : plat de nouilles
avec petits légumes et petits morceaux de viande ). Bon, ça ne le fait pas
trop. Moi un peu mais Ruth, après trois bouchées, s'en retourne à la chambre du
bungalow. Le pansit "passe" mal pour elle … On fait nos sacs.
Plan du jour : on va dans sa famille à Digdigon.
Bon, ce n’est pas tout à fait une surprise car c'était
prévu sur la route du retour. En principe, nous aurions dû aller à Legazpi,
ville où se trouve le célèbre volcan Mayon qui s'élève dans le ciel tel une
immense pyramide de près de 2500 mètres de hauteur et qui est toujours en activité.
Mais avec cette fichue météo, prendre le risque de voir un tiers ou un quart du
volcan ne me plaît guère donc ce sera Digdigon directement.
Pour ceux que cela
intéresse :
http://www.activolcans.info/volcan-Mayon.html
Entretemps notre ami Becassin ( le guide pour les îles )
nous téléphone pour voir si on veut pas repartir dans les îles car la mer est
calme aujourd'hui. Je le comprend, il veut gagner sa croûte mais les îles par
temps calme sous la pluie façon Cherbourg, c'est pas trop mon trip (vilain jeu
de mots ... héhé ).
On décline l'invitation et on le remercie (encore un jeu
de mots....). On règle à la réception et un tricycle est déjà là pour nous
emmener jusqu'au port de Guijalo.
J'en profite pour prendre quelques photos pendant le
trajet.
Tiens.... Il vient de s'arrêter de pleuvoir. Au port, il
y a un peu d'animation, on charge une bangka de marchandises diverses et de
céréales. Ruth a eu le nez fin en me poussant à me dépêcher pour boucler mon
sac car 15 minutes après notre arrivée au port, la bangka démarre déjà en
direction de Sabang.
Cette fois-ci, je n'agis plus comme un "bleu"
lors de l'aller, je prends garde à choisir une bonne place à tribord qui me
mettra aux premières loges pour voir toute la côte et prendre les photos à mon
aise. Le temps est nuageux mais clair. Très bien.
Les vagues ne sont pas trop fortes et la couleur de
l'eau, côté rivage, par moments est saisissante, d'un bleu violet foncé. La
côte défile, tantôt presque plate, mais le plus souvent montagneuse, tantôt
habitée par quelques hameaux perdus, mais le plus souvent désertique.
Aux aventuriers, amateurs de coins pittoresques pour
vivre, je leur déconseille le coin.
A
moins d'avoir un caractère bien trempé avec la vocation de vivre en vrai
Hermite transformé en Filipino, il ne doit pas être facile ici pour un
occidental d'y habiter en permanence. Comment se ravitailler ?
A moins d'accepter une vie simple en pleine nature et
manger comme les philippins des campagnes c.à.d. du riz à volonté et des
légumes, de ne pas avoir de voiture car pas de routes et même en ayant son
propre bateau, que ce soit à Sabang ou Caramoan, on ne trouvera pas de magasins
avec des produits importés ou si peu. Maintenant, pour des vacances à la
Robinson sans confort, pourquoi pas ?
Cette fois-ci, je suis content, j'ai pu prendre toutes
les photos que je voulais et j'ai même quelques petites vidéos en prime. Ruth
s'est un peu assoupie par moments, probablement l'air marin et les vagues qui
pourtant ne sont pas bien méchantes aujourd'hui.
Après 1h30, nous arrivons à Sabang, toujours un peu
tristounet pour ne pas dire carrément sale. Il y fait plus chaud aussi, je sue
un peu, sans doute l'humidité qui doit être importante.
Cela me fait penser à une soirée à Caramoan où je suis
allé un soir me promener dans les rues alors que la température devait
avoisiner les 25°C, je n'arrêtais pas de suer à cause d'un fort taux
d'humidité, cela se sentait dans l'air ambiant, avec ce petit quelque chose
d'oppressant au niveau de la poitrine.
Dans ces cas-là, chaque poil a sa "goutte",
comme disait mon père.
Tout de suite, après le quai d'embarquement, nous sommes
harangués par un homme pour prendre place à bord d'un jeepney qui va à Goa. Je
fais demander à Ruth dans combien de temps le départ, 10 minutes. Ok, moi j'ai
le temps de fumer une cigarette tandis que Ruth cherche des toilettes pour
faire "ihi" ( pipi en tagalog ). A peine 5 minutes et voilà le
jeepney qui démarre!
On a tout juste le temps de sauter à l'arrière ...
Le temps ne s'écoule pas de la même façon à Sabang ... on dirait.
Le sol à
l'arrière du jeepney est sale et huileux.
Pas de chance, je viens de poser mon sac par terre. Ruth
m'avait prévenu mais à cause du brouhaha et du moteur, je n'avais rien compris.
Pendant le trajet Ruth me fait remarquer qu'il ne pleut plus et que le temps
s'éclaircit. Je râle un peu car les îles c'était finalement peut-être
possible ...
Trente minutes plus tard, on débarque à Goa, une petite
ville déjà conséquente où ça grouille de monde sur les trottoirs et dans la
rue. Notez, il y a toujours beaucoup de monde dans les rues des villes aux
Philippines.
C'est un pays à peine la moitié de la France en
superficie mais qui compte près de 98 millions d'habitants.
Heureusement, la population est souvent concentrée ce qui
laisse de la place pour de jolis coins plus tranquilles à découvrir. Beaucoup
de petits commerces et d'échoppes et pendant que nous marchons à la recherche
d'un tricycle pour nous emmener à Digdigon, il recommence à pleuvoir. Ouf, on a
eu raison de partir.
Pendant que je me dis que ce serait bien d'aller acheter
un rouleau de papier de toilette, Ruth me signale un tricycle. On demande le
prix. 150 pesos pour 6 ou 7 kms, ça me semble un peu cher, j'hésite et puis je
fais "oui" de la tête. J'en veux aussi à Ruth car elle est souvent
pressée, c'est une manie chez elle et sur l'entrefaite, j'ai oublié ce fameux
papier Q. Hé oui... faut pas rire. On n'en trouve pas partout et dans les
campagnes, faut même pas y penser.
Cela me contrarie un peu, j'aime pas trop le
système à la "feuillée".
La route s'avère abominable, pleine de trous et de
tronçons en construction et il pleut toujours. Elle m'explique que c'est
toujours comme cela avant les élections, on recommence partout des chantiers
épouvantables qui éprouvent les nerfs des citoyens mais aussi qui
"cassent" les véhicules.
Je dois ouvrir le parapluie et le poser verticalement
côté portière car la pluie "chasse" sur mes jambes. Après 4 ou 5 kms,
je me dis que le bougre de conducteur mérite ses 150 pesos, la route est
vraiment infernale et on monte vers un plateau, c'est ce que Ruth me confirme,
Digdigon est situé sur un plateau en face des montagnes.
Moi, je gamberge un peu. Je ne connais pas ces gens et
quel sera l'accueil prodigué à cet occidental qui vit depuis 1 mois avec un des
leurs. Et puis je ne connais pas trop les coutumes campagnardes et j'ai oublié
d'en parler avec elle. Bon... On verra.
On franchit un petit pont au-dessus d'une petite rivière
puis un autre et on entame une côte bordée de cocotiers pour enfin entrer dans
le village. Très vite, un petit chemin à gauche. J'aperçois quelques masures en
bois du style de Sabang. Je me demande si Ruth est gênée de me présenter à sa
famille ou si c'est l'inverse, de présenter sa famille de la campagne à cet
européen pas trop habitué à ce genre de vie. Plus trop le temps d'y penser. On
vient de s'arrêter devant leur maison. Il est 13H30.
Sur le devant, un petit enclos et une barrière faite de
branches d'arbres assemblées avec les moyens du bord, assez pittoresque.
Quelques petits cris, des enfants et une femme à l'air débonnaire, la
cinquantaine, nous accueille. C'est sans doute sa tante. Il n'y a pas
d'effusion de sentiments, pas d'embrassades.
Seulement des sourires et des paroles. Je fais bonjour de
la tête. Et j'entre dans une pièce au sol inégal, on dirait un mélange de terre
et de béton. Je fais un "hello" général à l'intention de tout le
monde. Je ne suis pas trop à mon aise. Car si on ne me parle pas, on me
regarde.
Il ne oit pas y avoir beaucoup d'étrangers qui passent
dans le coin. L'accueil n'est pas franchement chaleureux. Peut-être qu'eux
aussi ne savent pas comment réagir vis-à-vis de moi. Il y a une jeune femme, un
poil boulotte, avec un petit garçon de 3 ans qui me sourit amicalement. Deux
autres enfants et une grosse femme assise par terre qui m'ignorent quasiment,
j'apprendrai plus tard que ce sont des voisins.
Ruth me fait signe de m'asseoir sur un petit banc
artisanal contre le mur. J'obtempère. Il y a aussi un type avec des cheveux
noirs tombant sur les épaules, âge de 35 ans à mon avis, des tatouages au bras,
short déchiré au genou, les yeux asymétriques, le ventre proéminent et qui
parle en haussant la voix à la limite du cri, mais jovial malgré tout.
Lorsqu'il se déplace, il clopine sur sa jambe gauche. J'apprendrai que c'est un
cousin, Anthony, un peu anormal, aux dires de Ruth.
Entretemps une voisine vient d'arriver. Petit sourire
discret mais pas de bonjour. Moi, je suis toujours sur mon banc et toujours pas
trop à l'aise. C'est qu'ils parlent tous entre eux en tagalog et je suis laissé
de côté.
Drôle de sensation quand même. La pièce fait office de
salon et de salle à manger. En fait, le mobilier se résume à 3 petits bancs en
bois, une table où trône la télévision et une autre au fond de la pièce où on
dépose les plats, les ustensiles de cuisine, les verres et les casseroles. Les
murs en blocs de béton brut sont nus à l'exception d'une espèce de draperie sur
un mur genre calendrier.
Les cloisons intérieures sont réalisées sommairement avec
des encadrements de chevrons en bois recouvert d'un simple mélaminé d'un seul
côté. Y a même un hamac près du mur opposé où je suis. Ici, on vit comme il y a
100 ans chez nous avec très peu de choses à l'exception d'un anachronisme de
taille, la télévision et son décodeur satellite, seul outil moderne de
distraction.
Humm ... Je vois Ruth sortir d'une pièce voisine avec un
homme d'âge avancé, elle me le présente de loin comme son oncle. Cela doit être
le chef de la maisonnée. Je lui fais un signe en guise de bonjour. Presque pas
de réaction de sa part sauf un regard discret, presque fuyant. Aurais-je manqué
à une tradition ou à une coutume ? Aurais-je dû m'avancer et aller lui serrer
la main ?
Mais dans cette petite foule, ce n’était pas aisé. Le
contact ne semble pas très bon. Sur le moment, j'en veux à Ruth de ne pas
m'avoir informé d'un usage habituel dans pareil cas. Je me sens un peu à la
fois idiot et gauche.
Je me rassieds et Ruth m'apporte un verre d'eau. Comme je
le disais, ils parlent tous entre eux et moi je fais "bande" à part
dans mon coin. Même Ruth ne me traduit rien, sauf si cela me concerne ...
autant dire très peu. J’apprends que l'électricité est coupée jusqu'au soir à cause
des travaux sur la route.
Je vois deux enfants apporter une grande nappe en osier
très défraîchie et dotée de moult trous qu'on déroule sur le sol. Ils se
mettent tous autour à l'exception de Ruth et d'Anthony. Des voisins sont
arrivés, deux femmes et deux enfants qui se joignent aux préparations.
On jette
un paquet de petites pierres sur la nappe et on dispose face à chaque personne
une grande carte encadrée de chiffres, l'oncle agitant une bouteille plastique
remplie de jetons pour commencer la partie. Il s'agit d'un jeu, le bingo.
Bon, ne me demandez pas les règles, je n'ai pas eu le
courage d'essayer de comprendre, même Ruth s'y perd un peu.... Ils doivent être
une douzaine autour de la nappe, on parie de très petites sommes en pesos.
C'est plus pour le plaisir que pour les gains. Ca gesticule, ça crie, ça rie,
ça râle un peu aussi.
La tante, cigarette au bec participe activement à la
partie.
L'oncle prend une
feuille et y verse une poudre blanche, referme la feuille en quatre et la met
en bouche, mâchonne le tout quelques instants puis se penche vers l'extérieur
et crache un bon coup dans la cour. Ils ont l'air de bien s'amuser.
Pour eux,
il semble que je n'existe plus. Je
me sens dans la peau d'un fantôme invisible.
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Expérience déjà vécue, ici bien narrée par Lucien. On se sent terriblement seul dans ces moments-là, croyez-moi. Mettre toutes les explications sur le compte des 'traditions' et de la 'coutume' est aussi un très bon prétexte pour cacher les travers d'une société. Les gens présents dans une pièce, même les inconnus qu'on invite (on le fait de son gré propre donc) sont tous égaux, la vie est trop courte pour devoir s'emmerder avec des protocoles vieux d'antan qui perdurent et qui ont la peau dure (jolie rime).
RépondreSupprimerMi casa es tu casa...et je sais que ce petit 'jeu' peut durer des lustres dans beaucoup de régions des Philippines.
Lucien est accompagnée de son amie ou compagne Ruth, donc cela tend fortement à désamorcer la dangerosité de l'immersion dans ces coins reculés. En revanche, trois gars à la peau blanche venus faire du tourisme sauvage n'auront pas nécessairement les mêmes garanties...le facteur risque n'est plus le même, et c'est comparable à des pays d'Amérique Centrale de ce point de vue..;
RépondreSupprimerIl existe comme partout des endroits 'chauds' et mieux vaut s'informer au préalable...
Un breton m'a dit qu'il ne pleuvait que trois fois par an en Bretagne.
RépondreSupprimerUne fois 6 mois et ....2 fois 3 mois ! :)
Phil