samedi 30 mars 2013

LE CUTUD, CRUCIFIXION ... AUX PHILIPPINES !


C'est un post que j'ai écrit en 2010, mais chaque année quand reviennent les Pâques aux Philippines, il est toujours d'actualité. 

En cette fin de mois de mars les Philippins sont des milliers à rejouer la crucifixion du Christ
Cloués sur un morceau de bois, exposé à demi nus sous l'ardent soleil des tropiques, ils vont être cuits à point en fin de journée.


D'autres se contentent, si l'on peut dire, de se flageller en déambulant dans les rues des villes philippines, toujours sous le soleil des tropiques..

Néanmoins, dans la reconstitution des scènes de crucifixion, il y a quelques erreurs historiques.
Comme me le faisait très justement remarquer mon ami Joseph, les clous sont plantés au centre de la paume de la main ; ce qui est une erreur historique, les Romains plantaient les clous dans les poignets. Il fallait que cela tienne, que les corps restent accrochés à la croix, qui d'après certains n'était pas une croix, mais un T.

De plus les pieds ne sont pas cloués, mais bloqués sur un support, ce dernier permettant au corps de se reposer.

Néanmoins, Joyeuses Pâques !


Je n’aime absolument pas, j’abhorre être celui qui apporte les mauvaises nouvelles, malheureusement il me faut quelquefois prendre mes responsabilités.

De ce fait, sans plus attendre et en quelques mots : « j’ai le regret de vous faire savoir que, compte tenu de votre qualité d’étranger aux Philippines, il ne vous est plus possible de vous faire crucifier à San Pedro, dans la banlieue de San Fernando Pampanga ».

C’est clair, net et précis, relaté dans un article paru sur le site web de ‘’The Union of Catholic Asian news’’. Les officiels d’un village de Pampanga ont interdit cette année aux étrangers de participer à la reconstitution de la crucifixion du Christ, événement qui se déroule chaque année durant la semaine sainte.


Oui. Vous avez bien lu, il ne vous est plus possible de participer au ‘’Cutud’’ durant lequel des personnes dévotes et très religieuses se font crucifier comme le Christ l’a été, avec de vrais clous.

Je suis sûr que vous avez eu l’occasion de voir au moins un reportage sur ce rite qui se perpétue dans le village de San Pedro depuis 1955. Organisé par les officiels de la ville, le ‘’Cutud’’ est pratiqué par des Philippins Catholiques qui y voient une forme de pénitence.  

Ces dernières années, le rite a également attiré de nombreux touristes étrangers, certains n’hésitant pas à se faire crucifier.

L’église Catholique a suivi avec consternation le développement de cette pratique, sans toutefois officiellement l’interdire.

« Le Cutud est une activité touristique qui draine des milliers de gens chaque année, mais qui n’apporte rien à l’enseignement de la religion » dit l’évêque auxiliaire Pablo Davis.
« L’archidiocèse le tolère, mais souhaiterai qu’il n’ait pas lieu, c’est du folklore religieux, mais pas du tout celui qui a notre faveur », ajoute-t’il.

L’évêque de San Fernando ignore également la participation d’étrangers à cette pratique en déclarant que : « Ce type de cérémonie n’est en fait bon pour personne ».

« Que des étrangers participent ou non à cette cérémonie ne nous concerne absolument pas », nous les officiels du Diocèse.


Le père Arnuflo Serrano, prêtre de la paroisse de Santo Niño proche de San Pedro, dit également que sa paroisse n’a aucune participation ni aucun intérêt dans le ‘’Cutud’’. 


« L’église ne sanctionne pas ces actes pieux privés et nos paroissiens le savent », il ajoute que plusieurs de ses paroissiens se joignent à la procession des flagellants, mais comme ils couvrent leurs visages avec un masque noir … 


Serrano ajoute que certains rites pratiqués dans sa paroisse durant le Carême et la semaine Sainte sont de tradition, comme par exemple le ‘’Dakit Cordero’’ qui est la reconstitution du ‘’Dernier Souper’’. Nous n’utilisons que les rites officiels de l’église et n’avons nullement besoin du ‘’Cutud’’.


Selon le site web de la ville de San Fernando, le ‘’Cutud’’ a commencé avec la mise en scène de la ‘’Via Crusis’’, le chemin de croix, une version locale de la Passion du Christ, en 1955.

Ce n’est qu’en 1962 que les crucifixions publiques ont commencées, lorsqu’un fervent croyant nommé Artemio Anoza s’est fait volontairement crucifié, pensant que cela allait l’aider à réaliser son rêve de devenir un leader religieux et un meilleur croyant.

La crucifixion publique est en fait la fin du spectacle. Il y a le chemin de croix, la couronne d’épines, les légionnaires, la foule qui hurle … et la croix rouge locale pour parer à toutes éventualités. Il doit faire un bon 35° C à l’ombre … mais il n’y a pas d’ombre.

Les clous utilisés font 5 cm de long, sont en acier inoxydable et ont été passés dans de l’alcool pour désinfection.


Le même rituel se déroule également dans le proche village de Santa Lucia, mais n’a pas à ce jour la même publicité.


Maintenant, pourquoi les étrangers sont-ils bannis de la crucifixion ?

Tout simplement parce que l’an dernier un étranger, un australien je crois, a éclaté de rire lors de la cérémonie.
Les officiels de San Pedro ont donc décidé de punir les étrangers en leur interdisant l’accès à la crucifixion. L’on peut se poser quelques questions : et si le Christ revenait, aux Philippines, à San Pedro ? Il lui serait interdit d’être crucifié ? A ma connaissance le Christ n’était pas Philippin.


Personnellement, me faire crucifier, en public, sous le soleil des tropiques, ce n’est pas vraiment ma cup of tea. Mais peut-on empêcher des étrangers de prouver leur foi profonde par cet acte de piété, sous prétexte qu’un étranger a éclaté de rire lors d’une précédente cérémonie ?
Un autre acte de foi est pratiqué par certains pénitents philippins, la flagellation en public.

Le matin du vendredi de la Semaine Sainte, le vendredi Saint, Good Friday, des hommes tors nus et cagoulés de noir, marchent en cadence dans les rues des villes au son des fléaux de bambou qui  meurtrissent leurs dos. 


Le fléau se compose d’une corde faite d’une douzaine de brins et longue de 60 à 80 cm. A une extrémité les brins sont séparés les uns des autres et une pièce de bambou est attachée à chaque brin. Cette pièce de bambou d’une quinzaine de centimètre de long pour trois à quatre de large est dure, lourde et acérée. 

Le pénitent, tout en marchant, va balancer horizontalement de droite à gauche le fléau et les pièces de bambou vont régulièrement venir heurter son dos. 

Le jeu est sanglant. Au tout début le dos rougit, puis peu à peu le sang apparait, les pièces de bambou rougissent et le sang gicle lorsque la peau est ouverte.

Un spectacle d’un autre âge, car je crois me souvenir que cela s’est également pratiqué dans certains pays d’Europe.  


Pratiquement l’on trouve des flagellants dans toutes les villes des Philippines, mais la ville de General Luna est la plus réputée pour ce spectacle avec plus de 1.200 participants. A Ternate, ma ville de résidence, ils n’étaient que quatre cette année, mais ils ont terminé dans la rivière avec de l’eau jusqu’à la ceinture. L’eau claire rougissait.

Que pensez-vous de ces pratiques ? 

Expériences, avis, commentaires et critiques sont les bienvenus. 




Retrouvez moi sur < www.expatauxphilippines.blogspot.com > pour plus d'information.

VIDEOS : tempsreel.nouvelobs.com/galeries-photos/monde/20120406.OBS5677/en-images-les-devots-philippins-rejouent-la-crucifixion.html 

www.france24.com/fr/20080321-scene-crucifixion-volontaire-philippines-paques-manille&navi=ASIE-PACIFIQUE



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Pratiques d'un autre âge,

Daniel Demange a su parfaitement rendre l'ambiance du vendredi Saint dans la ville de Général Luna, ville située sur la grande île de Luzon (Luçon), à environ 250 kilomètres au sud-est de Manille.





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