Aujourd’hui un sujet un peu plus léger, mais qui néanmoins revêt une importance considérable pour nous les expats, nous qui vivons dans ce pays baigné de plages bordées de cocotiers.
Oubliez vos petits soucis quotidiens, le travail, le temps pluvieux, la grisaille et le froid, pour venir nous rejoindre l’espace d’un jour et partager avec nous les plaisirs de la plage et pas de n’importe quelle plage ; non, nous parlons ici de la plage philippine.
Pour la plupart d’entre nous, nous sommes venus nous installer ici afin de pendre plaisir à vivre, d’apprécier cette vie sous les tropiques et de profiter d’un mode de vie peut-être plus simple, mais oh combien plus enrichissant et agréable que la ‘’rat race’’.
La plus proche de nos plages se situe à trois cents mètres environ, comme ce n’est pas la plus belle, loin de là, nous préférons nous éloigner un peu plus et profiter de la longue plage de ‘’Kamandag’’.
Tous, nous avons été à la plage ! Depuis les années 1950/1960, en France, la plage n’est plus réservée à une élite, la plage s’est démocratisée et est devenue accessible à presque tous. Qu’il s’agisse des plages de Normandie, de Bretagne, de Vendée, des Landes, de la côte Basque ou des plages du pourtour Méditerranéen, nous avons tous été à la plage.
Aussi je vous pose la question : qu’emportez-vous quand vous allez à la plage ?
Une serviette, un maillot de bain, une bouteille d’eau, des lunettes et une crème s’il y a du soleil, bouées et masques s’il y a des enfants, peut-être une natte et un matelas pneumatique.
Vous vous allongez sur la plage et entrecoupez votre bain de soleil de quelques plongées dans une eau … plus ou moins froide, tout en surveillant les enfants.
C’est à peu près le même scénario quand je me rends à la plage avec les enfants.
Une serviette, de quoi se changer, à boire … mes lunettes, mais il y a longtemps que je n’utilise plus de crème solaire, les accessoires pour les enfants et c’est tout.
Pas de bain de soleil, sauf à se baigner nous ne restons pas sous le soleil, nous nous mettons à l’ombre et gardons en permanence un tee-shirt ou chemise sur le dos. Le maillot de bain, pour homme, étant remplacé par un short long descendant en dessous du genou et nous nous baignons en conservant le tee-shirt.
Nous passons ainsi régulièrement quelques heures sur la plage à nous baigner. Les enfants, comme tous les enfants, font des châteaux de sable, ramassent des coquillages, jouent dans les vaguelettes …
Cela, c’est notre version normale de la plage.
Cela n’a rien à voir avec la version Philippine, la version des Philippins.
Non, le Philippin va à la plage pour : manger, boire, dormir et accessoirement chanter et se baigner. C’est une expédition et c’est sérieux.
La semaine dernière, toute la famille au sens philippin du terme, s’est rendue à la plage.
La famille philippine cela veut dire ma famille, deux adultes et les six enfants, la sœur de mon épouse avec son mari et deux enfants, le frère avec son épouse et trois enfants, un cousin, sa femme et ses trois enfants, le frère de ce cousin, sa compagne enceinte et un seul de leurs trois enfants. Total, si je compte bien, dix adultes et quinze enfants.
Nous nous rendons à Kamandag, donc pas besoin d’une ‘’banca’’, l’accès se fait par un petit kilomètre d’un chemin de terre, praticable en cette saison.
L’opération ‘’plage’’ commence tôt le matin ; vers six heures les femmes font les courses, puis la cuisson démarre vers sept heures.
A neuf heures tout est fin prêt, c’est le départ … ou presque. Chargement des tricycles, ces motos avec side-car, la surprise !
N’oubliez pas, il faut nourrir dix adultes et quinze enfants … et le Philippin ça mange, ça mange à longueur de journée, spécialement quand il se rend à la plage. L’air marin ça creuse !
La cuisson des aliments a été effectuée dans notre cuisine, aussi je peux vous dire ce qu’il y a. Commençons par l’indispensable ‘’Pancit Canton’’, les spaghettis à la sauce tomate sucrée, puis les poulets rôtis, le porc grillé et … deux grands chaudrons de l’indispensable riz … collant à souhait. En tout, une bonne dizaine de chaudrons et de casseroles, quatre ou cinq paniers, des sacs, etc.
Il ne faut pas oublier les ingrédients : sel, poivre, la sauce soja (toyo), le vinaigre (sucat), l’huile (mantika), le patis, le silly …
Les boissons : deux containers d’eau potable, un d’eau du robinet, un autre pour le ‘’sago’’, un jus de fruit local et maison ; quelques bouteilles de Fundador, une sorte de Brandy espagnol ; une caisse de SanMig light ; quelques jus de fruits … la glace à acheter et à déposer dans le sterofoam (la glacière).
Le départ, il est presque dix heures et le convoi de cinq tricycles s’ébranle enfin, en direction de Kamandag.
Je les laisse partir, je rejoindrais la tribu un peu plus tard, vers midi.
La majorité des plages fréquentées par les touristes locaux disposent de ‘’Kobo’’ ou de huttes, parfois de simples abris équipés de tables et de bancs en bambou.
C’est rustique et spartiate, mais permet de s’abriter du soleil, en cas de pluie mieux vaut avoir son ‘’umbrella’’, les toits de feuilles de palme ne sont certainement pas étanches.
Lorsque j’arrive, les hommes ont déjà bien attaqué une ou deux des bouteilles de Fundador. Assis sur les bancs ou les tables de bambou, ils sirotent leur alcool qui, accompagné de l’indispensable glace (yelo), se trouve dans leurs verres en plastique. Un verre dans une main, une cuisse de poulet dans l’autre, ils s’imbibent lentement, mais surement. Quelques bières manquent également à l’appel … certainement pour faire matelas dans l’estomac.
Deux tables avec leurs bancs, capables de recevoir une trentaine de personnes, ont été réservées pour la famille. Le coût P500 pour les deux tables.
Il y a peu de monde, ce n’est pas encore la saison, saison qui va commencer avec les vacances scolaires à la fin de ce mois de mars. Les mois d’avril et de mai, les mois les plus chauds, verront les ‘’kobos’’ se remplir et vous pouvez être certain d’avoir des difficultés à trouver de la place en cette période de l’année.
Les ‘’kobos’’ et autres abris de bambou sont des structures éphémère qui ne vont durer que le temps d’une saison. Construits en mars, ils disparaîtront avec le premier typhon que l’on peut espérer entre juillet et septembre.
Les femmes servent la nourriture, s’occupent des enfants et papotent entre elles.
Les gamins font la navette entre l’eau, distante d’une vingtaine de mètres et l’abri.
Ils reviennent pour boire, manger, se faire consoler quand il y a eu un petit bobo … et retournent immédiatement jouer au bord de l’eau ou dans les vaguelettes.
De nombreux chiens se trouvent à proximité, des chiens locaux et pas agressifs ; ils attendent un os de poulet, un morceau de viande, rien ne traine sous les tables de bambou, les chiens veillent.
L’après-midi va se passer ainsi, les hommes boivent et mangent, certains ayant trop présumé de leur capacité de résistance à l’alcool, vont faire une petite sieste.
Une petite trempette entre deux verres, une assiette de riz pour absorber, un morceau de porc grillé … un fruit, quelques cigarettes …
Les épouses mangent également, mais ne boivent pas. Par contre, s’il y a un ‘’videoke’’ à proximité, il y a de grandes chances qu’elles aillent pousser une petite chansonnette, tout en continuant à surveiller les enfants à tour de rôle.
Ah, petit incident, une des jeunes cousines a été piquée par une méduse. Le vinaigre, du riz collant qui fera office de crème, rien de bien méchant.
Entre 17 h et 18 h, les chauffeurs de tricycles vont revenir pour ramener tout ce beau monde à la maison. Ils se verront offrir de la nourriture, peut-être, un verre d’alcool très certainement. Le retour, plus calme … les enfants fatigués s’endorment déjà, il faudra les réveiller afin qu’ils prennent leur douche, indispensable après une journée passée à barboter dans l’eau de mer.
Petite réunion, pour ceux encore en état, on termine les poulets et le porc, on vide les bouteilles en compagnie de quelques voisins invités pour l’occasion et … je me retrouve seul, ils se sont tous éclipsés, sans prévenir, une autre coutume locale.
Les femmes ont terminé le nettoyage des casseroles, les ustensiles et ingrédients retrouvent leurs places dans la cuisine, le linge trempe dans des bassines …
Bonne nuit les petits et les grands, il est 22 h, le marchand de sable est passé !
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