Connaissez- vous le Cha-cha ?
Non pas la danse que certains d’entre vous, parmi les plus anciens, ont entendu parler et peut-être dansé. En fait le Cha-cha-cha est une danse d’origine cubaine, rapportée en Europe au début des années 50 et codifiée au début des années 60.
Non, je parle ici du Cha-cha philippin, le Charter change, le changement de système gouvernemental ! Le passage d’un système présidentiel à un système parlementaire.
J’explique.
Le système gouvernemental philippin est largement inspiré du système américain.
La constitution des philippines, adoptée en 1987 sous le régime de Cory Aquino, la mère de l’actuel Président, rétablit un système présidentiel avec un pouvoir législatif bicaméral et un pouvoir judiciaire indépendant (ou qui devrait l’être).
Le pouvoir exécutif
Le président est élu au suffrage universel pour un mandat de six ans, non renouvelable.
Il cumule les fonctions de chef de l’Etat, de chef du gouvernement et de commandant en chef des forces armées. Il nomme et démet les ministres.
Pas de premier ministre, mais un vice-président qui, comme aux Etats-Unis, a un pouvoir très limité. Egalement élu au suffrage universel pour une période de six ans, il a pour principal rôle de remplacer le président, en cas de décès ou d’empêchement de ce dernier. Pas de vacance de pouvoir.
Il fait généralement partie du cabinet présidentiel.
Le pouvoir législatif
Le parlement philippin est composé de deux chambres : le Sénat (les sénateurs) et la Chambre des représentants (les congressmen).
Les sénateurs (24 au total) sont élus au suffrage universel pour une période de six ans et peuvent se représenter une fois.
Les congressmen (250) sont élus dans des circonscriptions à siège unique pour une période de trois ans, ils peuvent se représenter deux fois.
Le pouvoir judiciaire
La Cour suprême est la plus haute instance judiciaire des Philippines.
Le président, que l’on appelle Chief Justice est assisté de 14 juges ou Associate Justices. Ils sont nommés par le président sur recommandation du Conseil judiciaire.
La langue du Président Aquino a-t-elle ‘’fourché’’ quand, lors d’une visite à Subic (l’ancienne base navale américaine transformée en port franc) il a fait la remarque qu’il n’entendait pas se représenter à la présidence une fois son mandat arrivé à terme en 2016.
Ou, s’agissait-il de l’ignorance de la Constitution qui interdit de se représenter pour un second mandat ?
A moins que son subconscient ait déjà pris pour lui la décision de ne rien changer à la Constitution durant son mandat ?
Ce qui a aussitôt été démenti par le porte-parole de la présidence qui a ajouté que la révision constitutionnelle n’était pas la priorité de l’administration Aquino. Qu’il est ou non l’intention de renouveler son terme … la question ne peut se poser qu’une fois le changement de la Constitution effectué, après le Cha-cha, pas avant.
D’autre part, est-ce que la crédibilité et le taux élevé de confiance du Président Aquino résisteront à six ans de pouvoir après un début aussi chaotique et erratique ?
Que le changement de la Constitution se fasse dans un proche avenir ou qu’il soit laissé à l’initiative de la prochaine administration après 2016, il est nécessaire, inévitable et arrive en retard. La constitution est obsolète dans de nombreux articles et d’autre part contraire aux intérêts de la génération présente et de celles à venir.
Le Royaume-Uni a une Constitution qui n’est pas écrite (Common Law), mais qui est incessamment renforcée et modifiée par des écrits pour en clarifier l’esprit, le langage, l’impartialité, la flexibilité et les objectifs.
Les Etats-Unis se basent sur une très courte Constitution écrite qui comprend sept articles, mais qui a subi de très nombreux amendements et qui est toujours débattue et augmentée au cours de discussions sur la base de la Bill of Rights (les dix premiers amendements), de la liberté de noblesse et de parole, de l’esclavage, des droits de l’homme, de l’égalité entre les sexes, de la défense des libertés et de la démocratie.
Je veux dire par là que, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, la Common Law ou la Constitution ne sont pas des choses figées, elles évoluent et s’adaptent incessamment, sont discutées, modifiées et amendées ...
Aux Philippines, la révision et les amendements de la Constitution ont été débattus à l’infini et ont été sans cesse reportés. Non pas du fait de leurs importances, sur lesquelles tout le monde est tombé d’accord, mais pour des raisons d’égoïsme, d’ignorance, d’incompétence, de myopie, d’intérêts partisans, d’ambition, d’argent, de manque de vue politique et de surabondance d’avarice du pouvoir.
Pour ne citer que quelques exemples : nous avons vu la nécessité d’un passage présidentiel à un système parlementaire, mais nous pouvons également ajouter la possibilité pour un étranger d’acheter du terrain, l’ouverture de l’accès du commerce, des médias et des sociétés aux étrangers … la fin de certains privilèges et du protectionnisme, etc.
Le changement ou tout du moins la modification de la Constitution est inévitable, son ajournement sans cesse renouvelé est contraire aux intérêts de la nation, à sa stabilité et à son développement.
Mais dans le même temps, il doit y avoir une réelle et profonde prise de conscience, une véritable détermination à entrer enfin dans l’ère de la libéralisation et de la globalisation, ceci est vital pour la survie de la nation.
Je comprends parfaitement qu’une ouverture totale et immédiate du pays est impossible, la majorité des entreprises locales n’y résisteraient pas. Mais un plan à cinq ans, peut-être un peu plus, pourrait être mis en place.
Encore faudrait-il qu’il soit tenu, que les intérêts d’une très petite minorité ne mettent pas en danger la survie de tout un peuple.
Que se passerait-il si du jour au lendemain le pays était mis au banc des nations ?
Si les aides bi et multilatérales venaient à cesser ?
Si les 10 et plus millions de Philippins qui travaillent à l’étranger devaient rentrer au pays ?
Maintenant, si réellement le Président Benigno Simeon Aquino III n’a pas l’intention de postuler pour un second mandat, ce qui pourrait se révéler catastrophique aussi bien pour lui que pour le pays, c’est maintenant qu’il faut effectuer les changements.
C’est maintenant, alors qu’il a la popularité la crédibilité et la confiance d’une grande majorité de la population, qu’il doit effectuer les changements nécessaires, modérer les ambitions et la soif de pouvoir et d’argent de certains, se concentrer uniquement sur l’intérêt des Philippines. C’est maintenant ou jamais, alors qu’il est au sommet de sa popularité et qu’il peut compter sur l’appui de la très grande majorité.
C’est une magnifique opportunité qui s’offre au président Aquino de mener le pays vers un brillant futur, d’être le digne héritier des héros que sont ses parents, de mettre en place une nouvelle Constitution moderne et futuriste. C’est maintenant qu’il doit user de son mandat et de sa grande popularité pour faire plier les ambitieux, les médiocres, les corrompus, tous ceux qui dans leurs propres intérêts sont opposés à toute réforme constitutionnelle qui affaiblirait leur pouvoir.
Je précise que je ne suis pas un spécialiste de la politique, que mes connaissances en la matière sont extrêmement limitées, que je me base uniquement sur ma connaissance du pays et des gens. De ce que je vois et de ce que j’entends ici et là. Le nombre de chômeurs est en augmentation, le sous-emploi doit représenter plus de la moitié de la population, les pauvres sont de plus en plus nombreux … et les 4 X 4 de plus en plus gros.
J’entends des gens dire qu’ils vivaient mieux et plus heureux sous le régime de Marcos … qui était tout de même un dictateur et que le peuple vivait alors sous le régime de la ‘’loi martiale’’ !
Quand j’entends cela …
Alors que le pays est potentiellement riche, qu’il offre de nombreuses opportunités de développement, ne serais-ce que dans le secteur du tourisme, que la population est jeune, qu’elle est prête à travailler pour des salaires décents.
Il y a de jeunes diplômés d’université qui travaillent comme serveurs dans les Jollibee et MacDo locaux !
Les banques financent plus facilement un projet de développement immobilier, qui restera fantôme, qu’un projet sérieux de création d’entreprise !
Expériences, critiques et commentaires sont, comme d’habitude, les bienvenus.
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