vendredi 22 juillet 2011

LA CHASSE ... AUX TRÉSORS !


Les Philippins voient des trésors partout et il n'est pas rare que quelqu'un, que vous
 connaissez à peine, commence à vous parler tout doucement et à voix basse de son
 ''trésor''.


Il faut dire que les Espagnols sont passés par là, certains galions qui faisaient la
navette entre Manille et Acapulco transportaient de véritables trésors, les Américains
puis les Japonais auraient enfouis d'autres trésors.

Nous avons là des trésors historiques ou semi-historiques.


Puis il y a les trésors mythiques, ceux qui sont protégés, non pas par des dragons,
mais par les forces du mal ou par une divinité quelconque, ces trésors qui
n'apparaitrons qu'à celui qui  le cœur pur.

De plus dans des temps plus anciens, bien avant la conquête espagnole, l'or était en
telle abondance sur l'archipel, que sa valeur était tombée à la moitié de celle de
l'argent. Il fallait deux kilos d'or pour un kilo d'argent.



Ajoutez à cela les guerres et conflits incessants, les pirates, qu'ils soient Chinois ou
Moros, les richesses de l'église catholique et des grands propriétaires terriens ...
Il y a certainement quelques trésors qui se trouvent encore enfouis ou engloutis au
pays des 7.107 îles ... mais de là à en voir partout, il y a une marge.



A Ternate, nous avons un spécialiste des trésors, le ''Fox'', le renard. En fait pour moi
il ressemble plus à un furet qu'à un renard, mais peut-être s'est-il déguisé.


La première fois que j'ai entendu parler du ''furet'' c'est lorsqu'un de mes bons voisins
est venu me trouver en me disant : "Il y a une personne qui a trouvé des antiquités et
qui souhaiterait les mettre en vente sur le Net''. Oui très bien, pourquoi pas, de quoi
s'agit-il ? Des colonnes de marbre qui devaient appartenir à une maison antique et
trouvées dans la mer.

Où se trouvent ces colonnes ? Chez un de nos voisins, pas très loin, le ''fox, furet'' s'y
trouve ! OK, let's go. Et nous nous rendons chez un voisin distant de quelque cent
mètres, un capitaine de la marine marchande. Je fais connaissance avec le furet qui
me présente ses ''colonnes''. Trois pièces d'un mètre cinquante environ, des
choses d'une vingtaine de centimètres de diamètre, évasées à une extrémité. Ces
''colonnes'' sont creuses ... comme des tuyaux et de couleur brune légèrement
brillante.


Je m'interroge, qu'avons-nous là ? Pour moi cela n'a rien d'antique, mais qu'est-ce
donc ? Je fais part de mes doutes au furet sur l'ancienneté des objets et l'informe que
je vais effectuer des recherches.

Rentré à la maison et après réflexion, je me dis c'est objets ne me sont pas
totalement inconnus. Oui, la mémoire me revient ... des tuyaux de terre cuite et émaillés,
j'ai vu les mêmes mais de couleur verte pour l'évacuation des eaux usées en France.
Rien d'antique ... fin du 19e, début du 20e.

J'en informerai le ''furet'' qui, au début tout du moins, ne voudra pas me croire.
Je lui dis que néanmoins cela pourrait servir de support à des pots de fleurs.



Quelques temps plus tard j'aurai l'explication sur l'origine et la provenance de ces
canalisations. En visitant le Fort Frank sur l'île du Carabao, un fort qui faisait partie du
complexe de Corregidor, il me sera possible d'apercevoir quelques pièces de ce type
de canalisation accrochées le long de la falaise. L'évacuation des eaux usées et des
eaux de pluie du fort ; les attaches ont cédées sous l'effet de la rouille et les
canalisations sont tombées dans la mer où elles ont été récupérées par le ''pêcheur
de trésors''.



Ma deuxième rencontre avec le ''furet'' se passe à la maison lorsqu'il m'apporte
quelques objets ''antiques'' : une bouteille de coca-cola qui doit dater des années 60,
un chandelier à trois branches qui provient d'un hôtel, d'une église ou d'un funérarium
et un fer à repasser qui doit bien avoir une centaine d'années. Vous connaissez, ces fers
dans lesquels l'on mettait de la braise pour les faire chauffer.


J'achète le fer et le chandelier pour quelques centaines de pesos afin de financer sa
prochaine campagne de fouilles. Il a repéré des signes sur les pentes du Pico de Loro
qui, il en est certain, vont le mener au trésor.


Le Pico de Loro, le plus haut sommet de la région, un pic qui grimpe verticalement du
niveau de la mer jusqu'à une altitude de plus de 700 mètres. Impressionnant, une
montée difficile, digne d'un parcours pour Marines, une vue époustouflante sur 360 º
quand on a la chance et surtout la force d'arriver au sommet.


Au moins une grotte se trouve sur ce pic, grotte qui a une époque a dû être occupée
par un moine ou un ermite. L'on y trouve une sorte d'autel et un énorme bénitier.

A noter, lors de l'ascension, des excavations, des trous creusés dans le sol,
certainement l'œuvre du furet ou de ses confrères à la recherche d'un trésor.



Pendant plusieurs années le furet passera plus ou moins régulièrement afin de
m'informer de ses nouvelles découvertes. Je n'entendrai plus jamais parler du Pico de
Loro, mais d'autres découvertes plus tangibles. Des blocs de bêton, à quelques
mètres sous la surface de la mer, indiquent très certainement la présence d'un
trésor espagnol ... il y a des chiffres d'inscrits dans le bêton.


Lorsque je lui fais remarquer que les chiffres qu'il m'indique sont en caractères 
arabes, nos chiffres, alors que les espagnols du temps de la colonisation utilisaient
 les chiffres romains,  il n'apprécie pas trop ! Il me fait part de sa dernière découverte,
dans la forêt, une pierre qui donne des instructions pour trouver le trésor ....
les mots sont en anglais. Je lui dis
que les Espagnols utilisaient soit le latin, soit l'espagnol ancien, pas l'anglais ...
déception.


J'aurais droit à des pierres sans valeur, un bouchon de carafe qu'il prend pour un
diamant, des morceaux de ferraille, des médailles comme celles qui sont vendues
autour de l'église de Quiapo, puis un jour ... il arrive avec des pièces de fer, comme de
grosses billes, à peine rouillées, qu'il me dit avoir trouvé dans un bloc de bêton portant
des inscriptions écrites en rouge.

Pourquoi avoir coulé ces pièces dans du bêton ?
Bêton qui fait comme une caisse de 50 x 40 x 20 (en centimètres) et qui possède
deux poignées sur les côtés pour en faciliter le transport.


Je me pose des questions. Météorite ? Non, balles de petits canons ? Non, trop dur,
comme de l'acier ? Provenance d'un volcan ?

Le furet m'invite, avec ma banca, à visiter l'endroit où il a fait cette découverte.
Iba, en face de l'île de Limbones, une distance de 20 à 25 kilomètres de Ternate.

Un matin nous voit partir en direction de Iba. Cinq personnes à bord, le furet, deux de
ses amis un gamin et ma pomme. La mer grossit après le passage de la pointe de
Kayoknok, des vagues arrières qui poussent la banca, l'étrave se trouve parfois à plus
de trois mètres  au dessus de l'eau, départ en surf ... je ralentis un peu, la banca ce
n'est pas une planche.



Passons l'île du Carabao où se trouve le fort Frank, le camp des Marines sur la
gauche, la baie de Pantuan,  je vise la petite plage de Iba, une tache blanche en face,
au loin et au dernier moment j'appuies sur la droite pour passer, au ralenti car il y a
des écueils qui affleurent, entre la pointe de Iba et l'île de Limbones. Une plage, sur le
côté Iba, entre deux bancs de récifs et nous montons la barque de quelques mètres
sur la plage en la poussant sur des rondins de bois.


Là, à quelques mètres sur la gauche, légèrement à l'ombre sous des arbustes
d'épineux, les blocs de ciment, cassés, en petits morceaux. Il est néanmoins possible
de reconnaître leurs formes et dimensions, les poignées en ferraille et une partie des
inscriptions.

Dans la gangue que forme le ciment, des centaines de morceaux de
''fer/ferraille/minéraux''.

Je viens de retrouver quelques unes de ces ''billes, balles'' et j'ai quelques photos.
Par contre je ne me souviens plus des inscriptions, des chiffres si ma mémoire est
bonne.


La plus grosse bille a un diamètre d'environ 4 centimètres. En passant une lime sur
ces pièces, il est possible de faire apparaitre une surface lisse, brillante, grise comme
de l'acier.

Echantillons géologiques ? Je ne pense pas. Météorites ? Non plus.
J'avais également pensé à un crash, avion, satellite ... mais les pièces sont beaucoup
trop lourdes.

Résultats d'une explosion atomique ?
Déchets radioactifs, je n'ai pas de compteur Geiger et de plus l'épaisseur du ciment
est faible ... certaines pièces sont à moins d'un centimètre de l'extérieur de la gangue.


J'avoue être intrigué et ne toujours pas avoir de réponse satisfaisante. Les avis et
suggestions sont les bienvenus.



Pour en revenir au ''Fox, Furet'', il viendra régulièrement me présenter ses
découvertes, mais rien d'intéressant ... sauf un superbe service complet de 60
couverts (600 pièces) et accessoires en vermeil. Certainement en provenance d'un
navire de luxe, mais pièces qui n'ont pas séjourné dans l'eau, donc pas le pillage d'une
épave, plutôt un ''détournement''. Aucune marque ou inscription sur la boîte ou les
couverts pouvant indiquer leur origine.


J'aurai également la possibilité de voir des objets retirés de la mer. Une jarre (cassée),
qu'il pensait être une amphore et le plus beau, qu'il me présentera comme une
merveille : un bol de wc, complet avec son siphon, qui recouvert de concrétions
marines, il avait pris pour un gros coquillage du type bénitier.



Néanmoins, une fois au moins il se fera un peu d'argent en vendant au ferrailleur local
une caisse d'aluminium de 60 kilos.
Mais il se fait complètement rouler, dans la mesure ou cette caisse d'aluminium,
destinée à une fonderie, lui a été payée 50 fois moins que sa valeur sur le marché.



Cette ''caisse'', trouvée sur l'île du Carabao, faisait très certainement partie d'une
cargaison dont une partie a été détournée.
Un cargo qui arrive de nuit et qui ralentit au niveau de Corregidor, une ou plusieurs
''bancas'' qui s'approchent'', transbordement d'une partie de la cargaison,
déchargement sur l'île du Carabao ... que s'est-il passé ?

Grosse mer, trop chargé, les Gardes-côtes ?


Une caisse oubliée, le furet qui furette et il se fait quelques milliers de pesos.


Des gens comme le ''furet'', il y en a des milliers aux Philippines ... l'or, le trésor,
l'argent facile, la chance, ils aiment !



Comme j'ai tenté d'expliquer au furet, sauf extrême coup de chance, il faut partir à la
chasse au trésor avec des indices.
Des archives, une carte, un récit, une pièce comme début de preuve que là il peut y
avoir quelque chose.


Plus ou moins régulièrement nous avons, de-ci de-là, quelques plongeurs qui trouvent
une pièce (d'or) ancienne.


J'ai commencé ce post suite à une histoire tragique survenue il y a quelques jours
près de Davao City. Des chercheurs de trésors ont découvert ce qu'ils pensent être
un coffre au trésor. Armés d'un scie à métaux ils tentent d'ouvrir le coffre ... qui
explose ... il s'agissait d'une bombe de 100 livres, non explosée, datant de la seconde
guerre mondiale.


Il ne se passe pas un mois sans que les médias nous informent de la mort de
chercheurs de trésors ensevelis dans la galerie ou le puits qu'ils creusaient.


Cela ne décourage pas les autres, qui comme le ''furet'' continuent à fureter.

Les trésors, il y en a certainement encore de nombreux à découvrir, principalement
dans les fonds marins.

Nous avons également la réserve d'or des Américains qui a été coulée en baie de
Manille lors de l'invasion japonaise fin 1941.
Une partie de cet or à été récupéré par des plongeurs japonais, mais pas la totalité à
ce qui se dit.


Ternate est l'endroit où serait enterré le trésor du Général Yamashita, les Bouddhas
d'or pillés dans les temples asiatiques lors de la conquête japonaise.

En 1998, une équipe japonaise, accompagnée de survivants de l'armée de Yamashita
ayant participé à la cache des Bouddhas, est venue à Puerto Azul avec des matériels
de travaux publics. L'entrée de l'endroit pour accéder au trésor aurait été marquée par
la plantation d'un jeune manguier. Jeune manguier en 1945 et en 1998 ? Ils ont creusé
et non rien trouvé.


Certaines rumeurs laissent à penser que la construction du complexe de Puerto Azul
aurait été un leurre, en fait la recherche du trésor aurait été le but réel des travaux
énormes de terrassement.




Venez nous rejoindre et partons à : "La Chasse Aux Trésors" de l'Archipel du sourire.





Vos commentaires sont les bienvenus.

Avis, critiques, expériences, n'hésitez-pas à me contacter.

dtesteil737@yahoo.com.ph

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire